La démarche intelligence économique de l’entreprise, un concept bien plus étendu qu’il n’y parait… Aujourd’hui, quels sont les axes d’effort et les repères ?

Joseph Triquell – Si les 3 composantes essentielles du concept IE sont maintenant bien connues  (Veille – Sécurité économique – Influence), force est de constater que cette démarche entraîne l’entreprise dans un bouleversement stratégique et organisationnel profond … qui va bien au-delà de ce que laisser supposer la première définition très synthétique de l’intelligence économique : « maîtrise et protection de l’information stratégique ».

Aujourd’hui, quels sont les axes d’effort et les repères pour l’entreprise ?

Nota : Les documents et outils accessibles à partir de ce post sont en accès libre.

Savoir développer la capacité d’anticipation, savoir détecter et gérer les risques et les opportunités, savoir éviter la naïveté et la paranoïa dans l’approche de réduction des vulnérabilités, savoir étendre et maîtriser le périmètre étendu, l’écosystème de l’entreprise,  savoir gérer les paradoxes ( l’opacité/la transparence,  la posture guerre économique/la posture coopétition, la croissance rapide/le développement durable, le recentrage sur l’individuel /l’ouverture sur le collectif, la  défensive/l’ouverture-l’innovation…), savoir utiliser la complémentarité « stratégie défensive défensive/stratégie offensive » …

S’appuyer sur sept axes principaux de développement  de la stratégie de l’entreprise…

Ces axes d’effort nécessitent un déploiement humain, organisationnel, technique et juridique.  La charte interne de l’entreprise doit en être l’épine dorsale indispensable.

Comme les pièces d’un puzzle, ces 7 points sont indissociables et intimement liés les uns aux autres. Chacun d’eux doit être adapté aux contraintes et aux avantages (forces/faiblesses – risques/opportunités !)  de l’entreprise et de la société d’aujourd’hui :

  • Un mode de gouvernance d’entreprise adapté, développé par le chef d’entreprise (organisation transversale, culture, état d’esprit, mode de management par l’information, éthique, sécurité, RSE, juridique, ouverture en interne et en externe, innovation, sensibilisation, formation, maîtrise des « outils » de la Politique Publique…)
  • La maîtrise de la transformation numérique de l’entreprise : s’approprier l’écosystème d’outils, technologies, opportunités disponibles pour appuyer les différents axes de sa stratégie (Nouveaux outils transverses de dernière génération- Business intelligence – Nouveaux métiers du numérique- déploiement de la signature électronique (nouveau départ grâce au règlement eIDAS))
  • Une stratégie de veille et de maîtrise de la chaîne de l’information : La « veille » est intimement liée à chacun des autres axes d’effort indiqués ci-après. Compte tenu du volume important du  « BigData » du web, de l’ouverture des données publiques en France (OpenData), de la rapidité de l’information sur les réseaux sociaux, la mise en œuvre d’un système de veille dans l’entreprise nécessite des compétences multiples et transverses. Le management de l’information (knowledge management) impose une démarche d’intelligence collective dans l’entreprise, appuyée par un leadership volontaire et réfléchi et un réseau social interne adapté…
  • Une stratégie d’influence et de contre-influence. Outre les canaux traditionnels de l’influence, le chef d’entreprise se doit de prendre en compte avec éthique et engagement, l’impact, la rapidité, l’utilité du web dans ce domaine (développement de la visibilité, l’e-réputation, stratégies réseaux sociaux, curation et création éditoriale, référencement SEO, social-scoring, marketing digital…)
  • Une stratégie de protection globale et évolutive par le management des risques et la sécurité de l’information.
    • La sécurité de l’entreprise s’entend au sens humain, matériel et immatériel et prend en compte les risques industriels et technologiques, le risque économique, le risque lié à l’image, l’information et la communication, les risques organisationnels et liés aux technologies d’information et de communication, les risques stratégiques, les risques politiques, sociétaux et humains.
    • Elle se déploie obligatoirement par des mesures techniques, organisationnelles et juridiques. Elle nécessite un positionnement fort au plus haut niveau de l’entreprise.
    • Cette approche globale de gestion des risques se matérialise encore et toujours par une collaboration transverse de tous les métiers de l’entreprise, en considérant l’humain utilisateur comme le maillon faible de la chaîne de sécurité de l’entreprise, qui peut devenir le maillon fort s’il est totalement intégré dans le dispositif…
    • La sécurité juridique prend une importance grandissante. Par exemple, le nouveau règlement européen sur la protection des données à caractère personnel apporte son lot de nouvelles règles lourdes de conséquences dans l’organisation du système d’information de l’entreprise.
  • Une stratégie de préparation aux situations de crise, par un dynamique transverse concernant tous les métiers de l’entreprise, autour des risques génériques et spécifiques de l’entreprise, susceptibles d’impacter l’humain, le matériel et l’immatériel. Cette démarche prend notamment en compte l’identification des besoins, le développement par anticipation d’un réseau relationnel, la communication de crise et la prise en compte des médias du web, la formalisation des plans de secours et l’intégration de cette démarche globale dans un système de management prenant en compte le renouvellement régulier de la réflexion (roue de Deming – PDCA).

Naturellement, de nombreux autres outils existent et peuvent permettre au chef d’entreprise de développer sa stratégie en l’adaptant à sa structure.

Ce post est complémentaire à  un article de 2009 sur ce même site : « l’intelligence économique dans l’entreprise, c’est quoi au juste »

Joseph Triquell – 2017

 

2 réflexions au sujet de « La démarche intelligence économique de l’entreprise, un concept bien plus étendu qu’il n’y parait… Aujourd’hui, quels sont les axes d’effort et les repères ? »

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